Une douche froide pour les commerçants
Je me suis réveillé ce matin avec ce petit pincement au cœur qu’on connaît bien. Une info est tombée : le gouvernement Trump a officiellement éradiqué le fameux seuil de de minimis aux États-Unis, cette fenêtre qui permettait d’envoyer des colis de moins de 800 $ sans douane ni frais.
Pour nous, commerçants québécois et canadiens, c’est un coup discret mais redoutable. J’ai testé ce système pendant des années : envoyer des goodies vintage, des vêtements de friperie ou des objets de collection vers des adresses américaines, en passant par Champlain et USPS, sans se ruiner ni crouler sous la paperasse. Aujourd’hui, ce système s’écroule, et je ne suis pas le seul à ressentir cette onde de choc.
Le retour brutal du mur douanier
Juillet 2025 : Trump signe une série d’ordonnances exécutives fermant d’abord le seuil de minimis aux envois provenant de Chine. Depuis le 29 août, la mesure s’étend à tous les pays, dont le Canada et le Québec. En parallèle, la loi One Big Beautiful Bill Act supprime définitivement cette exemption d’ici 2027 (Source: The White House).
Désormais, les petits colis de moins de 800 $ sont soumis à des droits allant de 10 % à 50 % ou à des frais forfaitaires de 80 à 200 $, auxquels s’ajoutent souvent des frais de courtage.
Pour les vendeurs québécois, le de minimis était une passerelle économique : coûts d’expédition US souvent inférieurs à ceux du Canada, absence de courtier, aucun droit ni taxe, et surtout un vaste marché américain accessible. Tout cela disparaît.
Quand les frais dépassent le prix de vente
En tant que directeur des opérations d’un 3PL, j’ai vu de près comment mes clients eBay, Amazon ou boutiques en ligne profitaient du de minimis. Les procédures étaient rodées : consolidation des colis, passage par camion à Champlain, redistribution via USPS. Résultat : livraison rapide, marges protégées, clients satisfaits.
Aujourd’hui, ce modèle s’écroule. Un envoi qui passait hier sans frais peut désormais coûter 80 $ ou plus. Sur un produit vendu 200 $, c’est une ponction qui rend la transaction presque absurde. Et pour les articles à 50 $ ou moins, le problème est encore plus brutal : comment absorber 80 $ de frais sur un produit qui en vaut à peine la moitié?
Quand certains commerçants me disent que 40 à 50 % de leurs revenus venaient du marché américain, je comprends leur inquiétude. “Dois-je suspendre mes ventes?”, “Comment mes clients vont réagir?”, “Comment ajuster mes prix sans tout perdre?” Ce sont des choix vitaux, pas des inquiétudes théoriques.
Pour ceux qui cherchent des outils concrets, sachez que Postes Canada recommande la solution Zonos afin de gérer automatiquement les droits et taxes à l’exportation vers les États-Unis. Plus de détails ici : Postes Canada – Mise à jour des envois vers les États-Unis
S’adapter ou disparaître : des pistes concrètes
- Évaluer les coûts réelsSimulez l’impact des droits (10–50 % ou 80–200 $). Ajustez vos prix ou absorbez une partie des frais pour rester compétitif.
- Vérifier la conformité ACEUMSi vos produits respectent les règles d’origine de l’ACEUM (Accord Canada–États-Unis–Mexique), vous pourriez bénéficier d’une entrée en franchise de droits. Mais attention : certification d’origine et documents impeccables obligatoires.
- Diversifier vos marchésL’Europe ou l’Asie peuvent devenir des relais de croissance. Développer une boutique ciblant la France, l’Allemagne ou les pays nordiques permet de réduire le risque.À noter : selon Le Monde, 25 pays (dont la France) ont suspendu leurs livraisons vers les États-Unis à cause de cette mesure, ce qui annonce une recomposition mondiale des flux (Le Monde, 29 août 2025).
- Passer par des entrepôts USStocker vos produits aux États-Unis via un 3PL peut paraître coûteux, mais cela évite de payer des frais de douane à chaque envoi individuel.
- Regrouper les expéditionsPlutôt qu’envoyer plusieurs petits colis, regroupez les commandes en lots. Les frais fixes par produit chutent.
- Travailler avec un courtierUn courtier fiable peut optimiser la classification tarifaire, négocier et réduire vos coûts. Avant toute décision, je recommande fortement de consulter un courtier en douane pour valider la conformité de vos produits et éviter des erreurs coûteuses.
Construire l’avenir ensemble
Cette mesure marque un tournant pour les e-commerçants québécois et canadiens. Ce n’est pas la fin, mais un appel à repenser nos modèles. L’ouverture d’esprit, la réactivité et l’appui de services spécialisés seront essentiels pour s’adapter.
Venez en discuter sur LinkedIn et Facebook : Quel impact a le retrait du de minimis sur vos opérations?
L’entraide est essentielle pour trouver des solutions concrètes. Chez FP Service, nous accompagnons déjà des commerçants dans leurs décisions stratégiques. Ensemble, nous pouvons transformer ce choc en opportunité d’innovation.
Pour plus de détails, consultez le site de la FCEI.